LES DIFFÉRENTS TYPES DE GLACIERS
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Les glaciers qui subsistent actuellement dans nos montagnes et dans les régions polaires ne sont pas fondamentalement différents de ceux des grandes glaciations quaternaires. Mais leur étendue très notablement inférieure les rend beaucoup plus sensible aux effets de paroi, ainsi qu'on pourra le voir à la page approche théorique.
On peut les classer en plusieurs types :

LES INLANDSIS : Ces immenses calottes ne se rencontrent plus, de nos jours, qu'en Antarctique ( 12 Millions de km2 ) et au Groenland. Leur volume représente 98 % de la totalité des glaces terrestres. Leur épaisseur peut dépasser 4000 m. Leur existence est due à une faible ablation plutôt qu'à des précipitations importantes.
On peut ranger dans la même catégorie les calottes glaciaires des glaciers islandais.

Le Vatnajökull ( Islande )


LES CALOTTES LOCALES - Elles ont une forme semblable aux inlandsis mais sont de dimensions plus modestes. Ces calottes locales, que l'on rencontre encore de nos jours jusque dans les Alpes ( glaciers de la Vanoise ( Savoie ), du Mont-de-Lans ( Isère ) ), recouvrent des zones peu inclinées, aux formes molles, des cuvettes sans vallées préexistantes.
Elles évacuent leurs glaces, non par d'immenses glaciers, comme les inlandsis, mais par des langues glaciaires de versant.

LES LANGUES GLACIAIRES DE VERSANT : Il s'agit de glaciers - les Bossons ou le glacier du Tour, par exemple - occupant des vallons creusés aux flancs des versants.
Leur pente est plus importante que celle des vallées.

Les glaciers nord et sud de la Gurraz, sous le Mont Pourri (Savoie). ....................

Photo Michel Caplain
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Le Mont Cook (Nouvelle Zélande)

Photo Guillaume Dargaud

http://www.gdargaud.net/Photo/Background.html



Ce sont souvent des exutoires de calottes glaciaires, toutefois pas dans le cas des deux exemples ci-dessus.

LES GLACIERS DE CIRQUE : Ce sont les plus nombreux, aussi bien durant les grandes glaciations que de nos jours. « Un glacier de cirque occupe un large enfoncement, à fond plat et peu incliné, à parois escarpées, qui s'entaille dans le flanc d'une montagne, généralement peu au-dessous des crêtes » ( P.LORY ). Ils se présentent souvent en groupe, juxtaposés sur les deux versants d'une arête.

Un glacier de cirque, celui de la face nord de l'Ailefroide (Hautes-Alpes).
C'est également un glacier suspendu, c'est-à-dire dépourvu de langue terminale.
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LES GLACIERS DE VALLEES : Ce sont les glaciers tels qu'on les imagine communément, les fleuves de glace en mouvement plus ou moins rapide : glaciers d'Aletsch, du Gornergrat ( Suisse ) ou la Mer de Glace ( Haute-Savoie ), par exemple.

La Mer de Glace, vue des environs du Montenvers.

A gauche ( flèche rouge ), l'arête des Flammes de Pierre .
A droite ( flèche bleue ), les Grandes Jorasses.


Nous ne décrirons pas ici - ce n'est pas notre propos - les diverses zones d'un glacier de vallée, ni sa dynamique ; signalons cependant que, lorsque au cours de son trajet, un glacier trouve sur un de ses flancs, un point bas, un col, il se décharge, par ce passage, d'une partie de ses glaces : c'est une diffluence.
Nous avons consacré une page spéciale à l'étude des ces diffluences qui présentent souvent un grand intérêt.

Lorsque un glacier de ce type parvient jusque dans la plaine, il s'y étale en lobe et devient glacier de piémont.
Le lobe présente souvent une forme en "
patte de lion" appelée parfois "pecten" ( coquille Saint Jacques ), plus ou moins " gonflée " selon que l'on est en période de crue ou de retrait.


Le glacier du Pré de Bar, dans le haut du Val Ferret italien, nous montre une forme de ce genre.

Il en est de même pour le glacier du Trient ( Valais )

..... ET TOUS LES INTERMEDIAIRES
, car, en ce domaine, la nature ne connaît pas les frontières que l'esprit humain doit tracer pour mieux appréhender la réalité. On passe insensiblement des inlandsis aux calottes ou des glaciers de cirque à ceux de vallée.

L'implantation des calottes locales, des langues glaciaires et des glaciers de cirque est fonction de la topographie actuelle. Par contre les glaciers de vallée empruntent les vallées fluviales préexistantes aux glaciations et dont le tracé est lui-même fonction des zones de faiblesse du terrain : couches tendres dans le cas des vallées longitudinales, zones broyées ou faillées dans celui des cours d'eau transversaux aux reliefs. La tectonique a aussi son mot à dire, l’emplacement de certaines vallées ayant été imposé par des antécédences ( Val du Fier ou Défilé de l’Écluse ( Savoie ) par exemple ).
Le tracé des vallées principales (
Isère, Romanche, Rhône entre Martigny et le Léman, Arve entre Chedde et les Houches ) peut n'avoir pas varié depuis des millions d'années, la rivière ayant conservé, par antécédence, son emplacement d'origine, dicté par le relief de l'époque.