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ALTITUDE D'APPARITION DES EAUX GLACIAIRES

SUR UN GLACIER QUATERNAIRE (2)

LE PAS D'ANNA FALQUE




L'examen des formes du relief proches du col de Merdaret, que l'on pourra consulter à la page la diffluence de Merdaret nous a montré qu'il existait un débit appréciable d'eaux glaciaires dès l'altitude de 1800 à 1880 m - et sans doute déjà un peu plus haut - peu après le maximum du Würm.

L'étude de formes proches, cette fois, du refuge de l'Alpe du Villard d'Arène (Hautes-Alpes), à proximité du col du Lautaret, vient corroborer ce résultat.
Il s'agit d'empreintes dans les rochers, sculptées indiscutablement par le passage d'eaux courantes. Elle se situent sur un verrou rocheux de la haute vallée de la Romanche, le Pas d'Anna Falque, que gravit le sentier d'accès au refuge de l'Alpe du Villard d'Arêne.

Le Pas d'Anna Falque est un verrou rocheux qui barre la vallée de la Haute Romanche, entre le village de Pied du Col et le refuge de l'Alpe du Villard d'Arêne(Hautes-Alpes).

Le croquis ci-après précise le modelé des lieux.

Le versant nord de ce verrou présente une série de sillons rocheux suffisamment remarquables pour avoir bénéficié d'une appellation locale, les Combes.


Vue d'ensemble de ce site de ces sillons rocheux des Combes.
Quelques formes indiscutablement dues au passage d'eaux torrentielles .....
..... en particulier une marmite de géant "creusée dans le lit rocheux d'une rivière par le mouvement tourbillonnant des galets" entraînés par l'eau .....
..... ou encore un conduit poli par le passage de ces eaux.


Il est très important de noter que ces eaux ne peuvent être celles de la Haute Romanche, toute proche, mais qui coule 60 m en contrebas.
La conservation de ces formes d'érosion prouve également qu'elles ne datent pas d'une glaciation ou d'un interglaciaire antérieur au Würm.

Elles ne peuvent pas non plus provenir d'écoulement récents sur les versants, ceux-ci étant recouverts d'un tapis de colluvions suffisamment épais pour qu'il ne se produise aucun écoulement superficiel.


La seule explication possible à la présence de ces formes torrentielles nous paraît être la suivante :
Lors du cataglaciaire -- c'est-à-dire, pour parler un langage plus courant, de la décrue -- du Würm, il s'est trouvé un moment où la surface du glacier s'est située aux environs de 2100 à 2150 m, alors qu'au maximum du Würm elle s'établissait aux environs de 2600 m
Les eaux glaciaires de la rive droite de la Haute Romanche coulaient alors vers 2000 m d'altitude. Elles ont franchit ce verrou du Pas d'Anna Falque et y ont creusé les sillons rocheux des Combes dans lequel elles ont imprimé ces formes d'érosion torrentielle.

Ce site, exceptionnel,
car la présence de telles formes d'érosion torrentielle dans un sillon rocheux n'est pas fréquente, présente donc un double intérêt.
D'une part il nous apprend qu'à cette époque encore relativement proche du maximum du Würm, la surface du glacier, à 2100 ou 2150 m altitude, était soumises à une ablation suffisante pour entraîner la production d'eaux glaciaires en quantité appréciable.

D'autre part, il nous confirme dans l'opinion que les sillons rocheux sont dûs essentiellement au passage d'eau.

On pourra consulter à ce sujet la page origine des sillons marginaux.