ALTITUDE DE SURFACE DES GLACIERS DU VERCORS
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Pour une visite géologique détaillée du massif, cliquer http://www.geol-alp.com/h_vercors/index_vercors.html

On trouvera également des indications très intéressantes, y compris sur les phénomènes glaciaires et périglaciaires, dans l'excellent ouvrage de JJ Delannoy « Vercors - Histoire du relief » cité à la page Bibliographie.

Nous nous bornerons ici - à une exception près - à une simple énumération des appareils glaciaires du sud du Vercors.

Le massif du Vercors, en effet, s'il n'a jamais été recouvert par une calotte continue, a toutefois abrité de nombreux glaciers locaux.
C'est ainsi que le bassin de Chichilianne a été occupé, même au Würm, par un appareil descendu du Pas de l'Aiguille, qui a laissé sa trace dans le paysage sous forme de deux moraines latérales.
La moraine rive gauche (Côte de Peyre Rouge) porte le hameau de Ruthières et présente la forme d'une moraine à double crête.
La moraine rive droite montre un beau bloc erratique, utilisè comme école d'escalade.

C'est la face nord du Grand Veymont qui, de même, alimentait le glacier de Gresse-en-Vercors. Ici, c'est une formation assez inhabituelle dans nos Alpes qui retient l'attention : un drumlin s'élève dans le fond de la vallée, au sud-ouest de Gresse-en-Vercors, c'est la butte de Gressette.

Nous reviendrons ultérieurement, avec des documents graphiques, sur ces deux glaciers locaux.



Nous parlerons plutôt d'un glacier moins connu - nous n'en avons trouvé aucune mention dans les documents que nous avons pu consulter.

Il s'agit d'un glacier de calotte qui occupait l'extrême sud-est de ce massif du Vercors, entre le Sommet de la Montagnette, la Croix de Lautaret, la Tête Chevalière et la Tête des Baumiers. Une partie de ses glaces se déversait vers l'ouest, alors qu'une autre partie dévalait, vers le sud, la vallée de Combeau.



Notre attention a été, en effet, attirée par la présence, en bordure de cette vallée, au col de la Lauzette, de sillons vallonnés très bien marqués.

Cette formation très caractéristique dénote le passage d'un glacier, ici de gauche à droite, l'épaisseur de glace au-dessus des sillons étant d'une cinquantaine de mètres.
Ceci place la surface du glacier würmien à 1680 m environ au-dessus de cette petite diffluence.

Certes, l'altitude des sommets environnants est relativement faible : 1951 m à Tête Chevalière ainsi qu'à la Croix de Lautaret, 1972 m au Sommet de la Montagnette. Mais la surface du plateau, de l'ordre de 2 km², ainsi que la faible déclivité du terrain au-dessus de 1800 m, permettait l'accumulation d'une quantité importante de glace, génératrice d'une topographie particulière, le fjell. Il s'agit d'une surface rocheuse bosselée sur laquelle alternent des petits reliefs raclés ou polis par la glace (roches moutonnées) et de petites dépressions (A. Marnezi, 1980, cité par J. J. Delannoy).

En amont de ce col de la Lauzette, l'arête qui sépare la vallée de Combeau de celle de Chichilianne ne s'élève qu'à 1714 m, 1691 m à la Tête de Praorcel, moins encore plus à l'amont lorsqu'on s'approche du Pas de l'Essaure.
Le glacier devait donc, dans toute cette zone, dominer le versant Trièves par une falaise de glace haute de plusieurs dizaines de mètres.

Quelque chose d'analogue, en quelque sorte et toutes proportions gardées, bien entendu, à la falaise de glace de l'appareil sommital du Nevado Huascaran Norte (Cordillera Blanca, Pérou).








Photo extraite du très bel ouvrage « Glaciers » de Michael Hambrey et Jürg Alean cité à la page Bibliographie.
L'existence de ce glacier de calotte de Tête Chevalière est confirmée par une autre forme glaciaire, le ravin de Drogat.

Profitant d'un point bas de l'arête qui court de Tête Chevalière jusqu'au col de la Lauzette, les eaux glaciaires changeaient de versant pour gagner celui du Trièves.
Elles ont creusé ce ravin de Drogat, vallon quasiment sec actuellement, excepté pendant les gros orages où elles retrouvent leur vigueur d'autrefois.
Il s'agit en quelque sorte d'un ravin de diffluence, analogue aux ravines de diffluence auxquelles nous avons consacré une page.

Photo prise du Mont Barral.


Le spectaculaire Ravin des Arches, l'une des curiosités de Chichilianne, nous paraît pouvoir avoir été creusé également essentiellement par les eaux de fonte du glacier de calotte de Tête Chevalière.
Mais l'ampleur de ce ravin est telle que la faible étendue de cette calotte à l'amont du ravin est insuffisante pour en expliquer le creusement. Il nous paraît nécessaire, pour cela, de prendre en compte l'action de glaciations antérieures, pendant lesquelles les falaises se situaient plus loin à l'est et au nord et où , en conséquence, le volume des glaces était plus important.