ALTITUDE DE SURFACE DES GLACIERS DES PREALPES DU NORD
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Les massifs subalpins sont qualifiés de Préalpes par les géographes.
Pour les géologues ce terme de Préalpes a un autre sens, plus restreint : il s'applique à des massifs comme le Chablais, qui sont certes en position externe mais dont une grande partie des roches proviennent des zones les plus internes et ont été transportées (par "charriage") sur des distances de plusieurs dizaines (voire centaines) de kilomètres (M.Gidon).

Nous emploierons toutefois ici la terminologie des géographes, plus habituelle.
Que nos lecteurs géologues veuillent bien nous pardonner !


MASSIF DE LA CHARTREUSE

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Nous n'avons pas étudié le tracé des glaciers à l'intérieur de ce massif et nous nous bornerons à parler de son pourtour.

Le rebord est de la Chartreuse domine le Grésivaudan par une formidable muraille rocheuse urgonienne, qui ne s'abaisse quelque peu qu'aux environs de Grenoble, où elle est relayée par la barre tithonique.
Cette muraille n'est interrompue que par quelques rares cols qui permettent l'accès à l'intérieur du massif (excepté celui de la Faîta, que n'emprunte ni route ni sentier). Du sud au nord, ce sont les cols de Vence, de la Faîta, du Coq, des Ayes, de l'Alpe, de l'Alpette et enfin, dominant Chambéry, celui du Granier.

Ces passages ont-ils été empruntés par les glaces lors des deux dernières glaciations ? L'examen du graphique d'altitude du glacier de l'Isère - ou mieux encore, le calcul à l'aide de la formule - permet de répond à cette question.

Col

Altitude

(m)

Distance au vallum würmien

(km)

Altitude calculée du glacier würmien (m)

Distance au vallum

rissien

(km)

Altitude calculée du glacier

rissien (m)

Col de Vence

781

46

1159

62

1363

Col de la Faîta

1430

54

1239

70

1433

Col du Coq

1434

56

1258

72

1450

Col de l’Alpe

1793

73

1408

89

1584

Col de l’Alpette

1547

78

1448

94

1621

Col du Granier

1134

80 environ

1465 environ

96 environ

1636 environ

 



On peut tirer de ce tableau les conclusions suivantes :

-- le col de Vence a été franchi, à chaque glaciation, sous une épaisseur très importante de glace.
-- le col de la Faîta n'a pas été franchi durant le Würm, mais les glaces rissiennes sont arrivés sensiblement à son niveau. La précision de la méthode ne permet pas d'en dire plus, mais l'absence de ravin sur le versant opposé du col laisse penser qu'il n'a pas été franchi.
-- de la même manière, on ne peut conclure de manière certaine en ce qui concerne le col du Coq, mais ici, les glaces ont pu déborder légèrement le col, les eaux s'écoulant alors dans le ravin de la Rajas.
--le col de l'Alpe n'a été franchi pendant aucune des deux glaciations
--le col de l'Alpette (1547 mètres) se prolonge, sur plus d'un kilomètre vers le nord-est par un vallon en pente douce, dominé au nord par la falaise qui supporte le Mont Granier.
Ce vallon se termine, côté Grésivaudan, à la cote 1500 environ.
Il nous semble probable, sur la base des chiffres ci-dessus, que, alors que le glacier würmien n'a pas atteint ce vallon, l'appareil rissien a dû en envahir le début, sans peut-être parvenir jusqu'au col de l'Alpette lui-même.
--le cas du col du Granier est un peu plus complexe, car il faudrait connaître le sens de circulation des glaces dans la cluse de Chambéry lors des maximums glaciaires.
Si on admet une circulation dans le sens Isère - Rhône, le niveau du glacier s'abaissait de Montmélian à Chambéry et c'est le contraire, bien entendu, dans le cas inverse.
Mais le col du Granier se situe très près de Montmélian et une erreur sur le sens de circulation des glaces ne fausse que très peu les résultats d'altitude et ne modifie pas les conclusions en ce qui concerne le franchissement du col.
Le tableau montre en effet que le col a été franchi aux deux glaciations sous une épaisseur de glace telle qu'une légère erreur sur les altitudes calculées n'influe pas sur les conclusions (le calcul a été fait en supposant un sens de circulation de des glaces dans le sens Isère - Rhône).


En ce qui concerne le col du Granier, on peut d'ailleurs trouver une confirmation sur la Roche du Guet (1209 mètres), au nord de Monmélian, qui montre des roches moutonnées et un abrupt d'arrachement, témoins du passage d'un glacier.
Le niveau de celui-ci était donc supérieur à 1209 + 50 = 1260 mètres (il s'agit là d'une valeur minimum, puisque les observations se situent à un sommet).
Même en ne prenant en compte que ce chiffre, le glacier montait suffisamment haut pour franchir le col du Granier.

Des études en cours, portant, elles, sur les dépôts glaciaires à l'intérieur du massif de la Chartreuse, permettront, nous l'espérons, de confirmer les résultats tirés de l'application de la formule.


MASSIF DES BAUGES

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SITES CARACTERISTIQUES DU MASSIF DES BAUGES

Rep

Site

Type

Alt

(m)

Nb

Larg

(km)

Pente

(%)

Dist

(km)

Carte

TOP25

Carte

Géolog

Coordonnées

WGS84

B1

Col de Bornette

SD

1330

3

0,5

Hor

-

3432OT

Ugine

32T

280600

5068600

B2

Crêt du Char

SD

1440

3

0,5

Hor

-

3432OT

Ugine

32T

280400

5068650

B3

Arête S du Roc des Boeufs

Ep

1432

-

-

-

-

3432OT

Ugine

32T

279600

5069600

B4

Col de la Frasse

D

1410

-

-

-

-

3432OT

Ugine

32T

280200

5070300

B5

Sommet 1434 sur  Creux de Lachat

D

1434

-

-

-

-

3432OT

Rumilly

32T

269300

5068100

B6

Col de la Platte

SD

1340

3

0,5

Hor

-

3431OT

Rumilly

31T

269600

5064900

 


ALTITUDE ATTEINTE PAR LES GLACIERS
DANS LE MASSIF DES BAUGES


Étant donnée leur altitude relativement faible (1330 m), les sillons du col de Bornette (site B1, ici vu du Crêt du Char) datent d'un stade de retrait et ne peuvent donc nous renseigner sur l'altitude maximum atteinte par le glacier.

Le Crêt du Char (site B2) est une épaule qui, sur une longueur de 500 mètres, cote 1450 m à plus ou moins 10 m près et qui porte de courts sillons vallonnés.
Sur son versant ouest, des sillons de pente indiquent un mouvement de la glace d'est en ouest.
On peut en déduire une altitude minimum de glacier de l'ordre de 1500 m.

L'arête sud du Roc des Boeufs (site B3, ici vue du Crêt du Char) porte deux épaulements, l'un cotant 1432 m, l'autre 1500 m, d'où une altitude du glacier du maximum voisine de 1550 m.

Enfin, les banquettes qui courent le long des flancs est et ouest du col de la Frasse (site B4) fournissent une cote de surface du glacier de 1410 m, valeur également minimum car, au-dessus de cette altitude, les pentes sont trop soutenues pour que des dépôts aient pu subsister.
La fraîcheur des formes de ces banquettes montre d'ailleurs qu'elles datent du Würm.

Il est donc possible de conclure que, dans ces sites dominant Bellecombe-en-Bauges, les glaciers ont atteint une altitude maximum de 1550 mètres environ.


Le dernier site caractéristique identifié dans ce massif est celui du Creux de Lachat (B5)(Montagne des Banges, au-dessus de Montagny).
Ici, sur une éminence (1420 m) qui domine au nord-est le Creux, des sillons vallonnés et des dépôts montrent que le glacier a atteint ici au minimum 1470 m d'altitude.
Cette altitude a pu être dépassée, car lesdits sillons se situent au sommet même de l'éminence.

MASSIFS DES BORNES ET DES ARAVIS

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SITES CARACTERISTIQUES DU MASSIF BORNES-ARAVIS

Rep

 

Site

Type

Alt

(m)

Nb

Larg

(km)

Pente

(%)

Dist

(km)

Carte

TOP 25

Carte

géologique

Coordonnées

WGS 84

BA1

Col des Annes

SVD

1800

-

-

-

-

3430ET

Cluses

32T

308100

5093100

BA2

Vallon de Montarquis

Mor

1850

3

-

-

-

3430ET

Bonneville

32T

305600

5097880

BA3

Croix Floria

SVE

1770

3

0,2

Hor

-

3430ET

Bonneville

32T

304000

5093300

BA4

Col de Colomban

S

1685

3

0,1

Hor

-

3430ET

Ugine

32T

296700

5084550

BA5

Crête des Frétes

 

1730

 

 

 

 

3430ET

Ugine

32T

296900

5084300

BA6

Lachat

RM

1630

-

-

-

-

3430ET

Ugine

32T

297200

5084900

BA7

Les Vaunessins

SV

1620

3

0,15

Hor

-

3430ET

Ugine

32T

297700

5085400

BA8

Tête de Cabeau

SV

1650

 

0,4

Hor

-

3531OT

Ugine

32T

299000

5082600

BA9

Col de Cenise

D

1750

-

-

-

-

3430ET

Bonneville

32T

302500

5099000

 








ALTITUDE ATTEINTE PAR LES GLACIERS
DANS LE MASSIF BORNES-ARAVIS

L'étude des sites BA1, BA2 et BA9 montre que la surface des glaces, au-dessus des trois cols des Annes, de la Colombière et de Cenise, se situait aux environs de 1850 mètres. Le glacier de l'Arve, parvenu à Cluses, émettait donc par ces cols, des diffluences en direction du Grand Bornand et du Petit Bornand, à l'intérieur du massif.

Cette valeur ne reflète toutefois pas exactement l'altitude du glacier de l'Arve lui-même, car il faut tenir compte de la présence de glaciers locaux accrochés aux flancs de la Pointe d'Areu et de la chaîne du Bargy.

De même, mais cette fois à l'extrémité opposée du massif, le glacier qui descendait le Val d'Arly et qui provenait lui-même d'une diffluence du glacier de l'Arve au-dessus de Megève diffluait par le col des Aravis en direction de l'intérieur du massif.
La cote exacte des glaces au-dessus de ce dernier col nous est inconnue, mais les sites BA4 à 8 nous indiquent une altitude de l'ordre de 1700 mètres dans les environs de la Clusaz.
Entre les deux, le site BA3 nous fournit une cote intermédiaire de 1830 mètres près du Chinaillon.

Cette dernière valeur est confirmée par l'existence du seuil de la Clef des Annes.
Ce large col, situé légèrement au sud-ouest du col des Annes, est en effet horizontal, à plus ou moins 20 mètres près, sur 1200 mètres de longueur, ce qui permet de le considérer comme un seuil glaciaire. Son altitude est de 1750 mètres, la surface du glacier se situant nettement plus haut.

Ces valeurs reflètent, selon nous, l'altitude de surface des glaciers rissiens.



QUELQUES SITES CARACTERISTIQUES DU MASSIF BORNES-ARAVIS

LE PLATEAU DE CENISE

Sous l'aspect, à première vue banal, d'un pâturage de montagne parcouru par les pies rouges aux mamelles généreuses, le plateau du col de Cenise nous paraît constituer un paysage unique dans les Alpes.
Mais plantons d'abord le décor.



Le col de Cenise, situé dans le massif des Bornes, au-dessus du Petit Bornand, fait communiquer la vallée de la Borne avec celle de l'Arve. Séparant le chaînon calcaire du Jallouvre du lapiaz des Rochers de Leschaux, il étale, sur plus d'un km² - la moitié de la surface de la Principauté de Monaco ..... - une épaisse couche de terrains glaciaires.

Le glacier de l'Arve, alimenté en grande partie par les glaces du massif du Mont-Blanc et celui de la Borne qui drainait l'intérieur du massif Bornes-Aravis confluaient au-dessus de Saint Pierre en Faucigny.
De ce point jusqu'au col, le trajet en remontant la vallée de la Borne était plus court que celui qui emprunte celle de l'Arve . Les glaces des Bornes s'élevaient donc à un niveau quelque peu inférieur à celui de leurs homologues de l'Arve.
La tendance générale était donc à une diffluence de ces dernières, par-dessus le col de Cenise, dans le sens Nord-Est Sud-Ouest.
Mais les glaciers locaux qui garnissaient les pentes de chaque côté du col, celui des Rochers de Leschaux au Nord et celui des chaînons du Jallouvre et du Bargy au Sud venaient troubler le jeu et modifier la circulation des glaces en créant peut-être une petite selle glaciaire dans les environs du col.

La situation était différente de celle de la vallée de Solaison toute proche.
Dans cette dernière, les glaciers locaux étant pratiquement inexistants, les glaces de l'Arve pouvaient prendre le pas sur celle des Bornes et le col devait être parcouru par une diffluence dans le sens Nord-est Sud-ouest, qui se traduit d'ailleurs actuellement par la présence de blocs erratiques de gneiss dans cette zone.

Un bloc erratique de grés .....
..... situé au col de Cenise même.


L'altitude du col de Cenise est de 1724 mètres et la présence de terrains glaciaires dans les environs immédiats du col et légèrement au-dessus de celui-ci, montre que le glacier atteignait à cet endroit une altitude voisine de 1800 mètres.
La comparaison avec d'autres altitudes des glaciers dans la vallée de l'Arve indique qu'il s'agit là de terrains rissiens ou d'un Würm très ancien (60 000 à 75 000 ans).



Mais l'aspect le plus étonnant du plateau de Cenise et qui en fait, pensons-nous, un site unique dans les Alpes, est l'existence d'un grand nombre de petites mares - que dans ce qui suit, nous appellerons laquets - nous verrons plus loin pourquoi - bien représentées sur la carte IGN au 1/25000 TOP 25 3430 ET qui en figure plus d'une trentaine.
Ces petites dépressions creusées dans les terrains glaciaires en pente très modérée se présentent sous la forme d'entonnoirs, de quelques mètres jusqu'à une vingtaine de mètres de diamètre et généralement remplis d'eau.

Quelques-uns des laquets du plateau de Cenise, .....
..... l'un d'entre eux, qui présente un écoulement d'eau .....
..... et un autre, presque à sec en cet été 2003 caniculaire.


À quoi peut-on attribuer ces formes originales ?

Éliminons tout d'abord une origine glaciaire proprement dite. Leur petite taille et leur situation font qu'il ne peut s'agir de lacs d'ombilic ou de cirque.
Il nous semble également exclus qu'il puisse s'agir de kettles, ces entonnoirs dus à la fusion de masses de glace couvertes de pierrailles et transportées par un glacier jusqu'à son front.
Les faibles dimensions des laquets supposent en effet des masses de glace de dimensions très réduites, donc protégées par une couche de pierraille peu épaisse. Le retard de fusion n'aurait alors pas été suffisant pour permettre aux apports fluvio-glaciaires ultérieurs de noyer l'ensemble.
De plus, les glaces würmiennes n'ayant pas recouvert le plateau de Cenise, la formation des laquets daterait du Riss ou d'un Würm très ancien. Il nous semble alors peu probable que des formes de dimensions aussi réduites aient pu résister à l'érosion depuis ces glaciations lointaines.

On peut penser certes à des entonnoirs de dissolution, des dolines, que l'on peut effectivement s'attendre à trouver dans ce massif calcaire au riche modelé karstique.
Les laquets pourraient-ils communiquer, en profondeur, avec des scialets ?
Mais, à cet endroit, l'ossature rocheuse des Bornes n'affleure pas ; elle est recouverte par les terrains glaciaires. Quelle peut en être l'épaisseur de ceux-ci ?
Leur grande étendue et l'absence de tout pointement rocheux à leur surface nous incitent à penser que cette épaisseur doit être assez importante.
De plus, des glissements de terrain ont affecté le versant est du col, un peu au sud de celui-ci, pratiquant dans les dépôts glaciaires une coupe haute de plus de 100 m.
L'influence d'un substratum calcaire pourrait-elle se faire sentir au travers d'une telle épaisseur de terrains imperméables ?

Un tel exemple de modelé crypto-karstique se rencontre, certes, sur le lapiaz des Ottans (Sixt, Haute-Savoie) ou au Plan Jovet (Les Contamines, Haute-Savoie) (Le Pays du Mont Blanc, par Michel Delamette, Editions GAP), mais dans un contexte géologique bien différent.

Au col de Cenise, l'épaisseur probable des terrains glaciaires, la régularité des formes des entonnoirs et leurs faibles dimensions, leur répartition sur l'ensemble du plateau - contrairement à ce que montre la carte géologique Annecy-Bonneville - et en particulier au col même, là où l'épaisseur de terrains glaciaires est la plus forte, enfin le fait qu'ils soient remplis d'eau nous incitent à penser qu'il ne s'agit pas d'un modelé karstique.

Éliminons enfin la possibilité qu'il s'agisse de trous d'obus ou de bombes. D'après des sources locales, les combats des Glières ne se sont pas étendus jusqu'ici et il n'y a jamais eu de champ de tir à cet endroit.

L'origine qui nous paraît la plus vraisemblable est celle de cicatrices de lithalses. Ceci en ferait le seul site de ce genre connu dans les Alpes.

Pour plus de renseignements sur cette forme originale de modelé périglaciaire, que, par analogie avec les formes analogues observées dans le Massif Central, nous avons appelé laquets, nous renverrons le lecteur à la page
Pingos, palses et lithalses

Nous nous contenterons de rappeler ici brièvement ce qu'est une lithalse.

Dans certaines conditions, la glace peut, lors des périodes froides, migrer et se rassembler, en-dessous de la surface du sol, sous forme de lentilles.
Ces migrations se produisent dans les zones non recouvertes par les glaciers mais soumises à des conditions périglaciaires, telles que celles que l'on rencontre actuellement dans le nord-ouest du Canada.
Lors d'un réchauffement ultérieur, la glace formant les lentilles fond et une dépression en entonnoir apparaît, qui se remplit d'eau, c'est une cicatrice de pingo ou de lithalse.

Il existe plusieurs modes de formation des pingos et lithalses, décrites à la page accessible par le lien ci-dessus.
Dans le cas de Cenise, nous pensons nous trouver devant des cicatrices de lithalses, c'est-à-dire dus à la migration de la glace dans un sol poreux.

Le scénario des événements pourrait être le suivant (mais d'autres options sont peut-être possibles) :

Au stade maximum d'élévation des glaciers rissiens, le col de Cenise est, ainsi que nousl'avons dit plus haut, noyé sous les glaces ; les eaux de fonte latérales s'échappent vers le nord-ouest, pour rejoindre la vallée de Solaison, creusant au passage un canyon emprunté par le sentier de la Glacière (marmites de géant dans les parois).
Puis les glaciers reculent. Celui de l'Arve stationne un moment sur le col.
Ses eaux de fonte s'écoulent alors vers le Sud - Ouest.
Au passage, elles emportent des éléments morainiques, qu'elles étalent sous forme de sandur, après les avoir débarrassé de leurs argiles.

Par la suite, les éléments de surface de ce sandur vont s'altérer, en incorporant peut-être également des argiles amenées par le vent à partir des délaissés des glaciers et donner naissance au riche alpage actuel.

Après une période de réchauffement, interglaciaire ou interstade, survient le stade final du Würm, au cours duquel la surface du glacier de l'Arve s'établit à un niveau insuffisant pour que ses glaces puissent franchir le col.
Il construit alors une moraine, bien visible tant sur la carte géologique que sur le terrain à la cote 1700 m, alors que, à peu près symétriquement, l'appareil du Borne édifie sa moraine, à l'altitude 1690 m, bien visible également en travers de la vallée.

Entre le col et la moraine 1690 m, les terrains sont alors soumis à des conditions périglaciaires particulièrement dures, sous la double action du climat et de l'altitude.
Sous la surface du sol, l'eau migre dans les terrains relativement perméables de l'ancien sandur, se rassemblent sous forme de lentilles de glace, qui soulèvent la surface du sol en créant des buttes de terrain, les lithalses.
Enfin, il y a une dizaine ou une quinzaine de milliers d'années, ces lentilles fondent en donnant naissance aux laquets actuels.
Que l'on ne s'étonne pas que des formes de tailles aussi petites aient pu résister pendant des milliers d'années à l'érosion. L'exemple des laquets de l'Aubrac, est là pour nous prouver qu'elles en sont parfaitement capables.




MASSIF DU CHABLAIS

Pour une visite géologique détaillée du massif, cliquer ici.

On consultera également utilement le site http://coabostc.edres74.ac-grenoble.fr/geo/geo1.html sur lequel on trouvera des cartes très détaillées de l'extension des glaciers würmiens dans le Val d'Abondance.