LES SILLONS DE SEYSSINET-PARISET
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Sur le territoire de la commune de Seyssinet-Pariset (Isère), accrochée au flanc est du Vercors, dans la banlieue grenobloise, un ensemble de sillons retient l'attention.
Les plus bas d'entre eux sont bien connus [Monjuvent, 1973], ce sont ceux de la Combe Vallier, du Désert de l'Ecureuil et du Désert de Jean-Jacques Rousseau.


Les Déserts de Jean-Jacques Rousseau (1) et de l'Ecureuil (2), vus de Seyssinet-Pariset.
Le Désert de l'Écureuil.



On considère classiquement ces sillons comme creusés lors des phases de décrue glaciaire, car l'étagement de leurs altitudes, de 350 à 460 m, les positionne très en dessous du niveau de la surface du glacier würmien (1100 mètres sur la cuvette grenobloise).



Mais au-dessus de cet ensemble, nous pensons qu'il existe un ultime sillon rocheux, celui du ruisseau du Bouteillard, particulièrement remarquable, car large de 600 mètres environ, ce qui en fait le plus important de tous les sillons rocheux que nous avons rencontés.

LEGENDE

1 = Combe Vallier
2 = Désert de l'Ecureuil
3 = Désert de Jean-Jacques Rousseau
4 = Le Bouteillard


Entre les falaises qui le limitent latéralement, de la rive gauche du ruisseau du Bouteillard jusqu'au flanc ouest du sommet 630 m, le fond du sillon est occupé par des terrains glaciaires.

Ce sillon du Bouteillard est le plus élevé que l'on puisse rencontrer sur ce versant du Vercors, car, plus haut, la pente du terrain s'accentue jusqu'à atteindre des valeurs bien supérieures à 21 %, valeur limite au-dessus de laquelle nous n'avons jamais observé de sillons.
L'emplacement de ce sillon rocheux a probablement été fixé par une faille sensiblement nord-sud, qui figure sur la carte géologique.
Mais ses dimensions inhabituelles (600 m de largeur par 40 m de profondeur au minimum), méritent que l'on s'y attarde.
Quel peut être, en effet, le mode d'érosion capable d'avoir creusé un pareil fossé ?
Ce n'est pas l'érosion torrentielle, ainsi que le montre sa quasi horizontalité et l'insignifiance du bassin d'alimentation.
Est-ce l'érosion par la glace ? Peut-être, encore que l'on ne voit pas bien pour quelle raison elle s'est exercée ici plus vigoureusement que pour tous les autres sillons rocheux.
Tout se passe comme si une rivière importante avait coulé longuement ici. Mais quelle rivière ?

Il nous semble possible de formuler - sous toutes réserves - l'hypothése suivante :

L'altitude de ce sillon du Bouteillard (600 m environ) suggère la possibilité d'un creusement par les eaux d'écoulement du lac du Trièves (qui coulaient à 780 m au seuil des Cadorats, à 30 km plus à l'amont).
Voir à ce sujet Les anciens lacs du Trièves
La riviére qui a creusé le sillon du Bouteillard serait donc le cours intraglaciaire du Drac, repoussé contre le Vercors par le glacier de l'Isère, après avoir reçu l'apport des eaux de la rive gauche du glacier de l'Isère et de celles de la Romanche.



Nous nous proposons de revenir sur cette question ultérieurement.
Mais dès à présent, nous remarquerons que, si cette hypothése se révélait exacte, il serait possible d'en déduire que les sillons rocheux - tout au moins certains d'entre eux - plus que par la glace, ont été creusés par les eaux latérales des glaciers.

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