ALTITUDE DE SURFACE DES GLACIERS DU BASSIN DU DRAC
54


Cette page comprend :

- Un tableau regroupant les caractéristiques des sites du bassin du Drac
- Une carte du glacier würmien de la Bonne
- Une carte du glacier würmien du Champsaur
- Une carte du glacier rissien du bassin du Drac.
- Des commentaires sur un certain nombre de sites remarquables des vallées.




Sites caractéristiques du Triéves et des vallées adjacentes (Repérés BD) .....

Rep

Site

Alt

(m)

Alt

Glac

(m)

Type

Nb

Larg

(km)

Pente

(%)

Dist

(km)

Carte

TOP 25

Carte

géologique

Coordonnées

WGS 84

BD1

Le Sènèpy

1335

1385

SVE

4

0,4

Hor

-

3336OT

La Chapelle en Vercors

31T

716300

4975300

BD2

Pré Rond

(Le Sènèpy)

1439

1439

D

-

-

-

-

3336OT

La Chapelle en Vercors

31T

716700

4976850

BD3

Pansier

(Ancienne station du Jocou)

1380

1430

SVE

2

0,2

Hor

-

3237OT

Mens

31T

711250

4956600

BD4

Maison des Pâtres

1410

1410

Mor

-

-

-

-

3237OT

Mens

31T

714650

4958120

BD5

Boveires

1410

1410

Mor

-

-

-

-

3237OT

Mens

31T

713830

4957720

BD6

Col des Près Hauts

1520

1520

D

-

-

-

-

3237OT

Saint Bonnet

32T

264350

4965300

BD7

Combalous

1420

1470

SVE

3

-

-

-

3237OT

Saint Bonnet

32T

264400

4965800

BD8

Les Miélons

(Col de la Croix Haute)

1030

1030

Mor

-

-

-

-

3237OT

Mens

31T

713150

4951800

BD9

Le Colombier

1610

1610

D

-

-

-

-

3336OT

La Mure

31T

731800

4973000

BD10

Prairies de l’Alpe

(Malsanne)

1850

1850

D

-

-

-

-

3336ET

La Mure

32T

261700

4923450

BD11

Cabane de la Montagne

(Malsanne)

1800

1850

SVE

?

?

-

-

3336ET

La Mure

32T

262300

4986400

BD12

Plancol (Malsanne)

1900

1900

Mor

-

-

-

-

3336OT

La Mure

31T

732500

4986900

BD13

Les Souillets

(La Morte)

1436

1436

D

-

-

-

-

3336OT

Vizille

31T

724000

4990050

BD14

Les Mayes

(Lignarre)

1820

1940

RA

-

-

-

-

3336ET

Vizille

31T

733170

4990050

BD15

Cabane de Rochimont

(Valgaud)

1800

1800

Mor

-

-

-

-

34370T

Saint Bonnet

32T

268100

4965250

BD16

Crête de l’Eygli

(Valgaud)

1750

1880

RA

-

-

-

-

3437OT

Saint Bonnet

32T

270050

4963200

BD17

Les 13 Bises

(Le Sènèpy)

1435

1435

D

-

-

-

-

3336OT

La Chapelle en Vercors

31T

716550

4979100

BD18

Les 13 Bises

(Le Sènèpy)

1400

1450

SV

-

2

Hor

-

3336OT

La Chapelle en Vercors

31T

717200

4978800

BD19

Serre du Cottet

(Esparron)

1307

1307

D

-

-

-

-

3237OT

Mens

31T

706200

4960350

BD20

Le Sambus

(Aspres-les-Corps)

1480

1480

D

-

-

-

-

3336ET

Saint Bonnet

31T

737100

4965800

BD21

Col de l’Allimas

1375

1375

D

-

-

-

-

3236OT

La Chapelle en Vercors

31T

702700

4973100

BD22

Le Champ du Puy

1840

1960

RA

-

-

-

84

3336ET

Vizille

31T
736000
4991000

BD23

Bois Barbet

>

1650

>1650

D

-

-

-

85

3336ET

Vizille

31T
735000
4990400

 


..... et du Champsaur (Repérés DS) .....

Rep

Site

Alt

(m)

Alt

Glac

(m)

Type

Nb

Larg

(km)

Pente

(%)

Dist

(km)

Carte

TOP 25

Carte

géologique

Coordonnées

WGS 84

DS1

Charbillac

1166

1166

D

-

-

-

1

3437OT

Saint-Bonnet

32T

267900

4955700

DS2

Les Forestons

1147

1147

D

-

-

-

1,5

3437OT

Saint-Bonnet

32T

264700

4952400

DS3

Champ Clavel

1189

1189

D

-

-

-

2,5

3437OT

Saint-Bonnet

32T

268600

4954200

DS4

Col de Sagne

1205

1205

D

-

-

-

2,5

3437OT

Saint-Bonnet

32T

269300

4953900

DS5

Font-Grimard

1207

1207

D

-

-

-

2,6

3437OT

Saint-Bonnet

32T

265600

4951900

DS6

Villard Trottier

1288

1288

M

-

-

-

4,6

3437OT

Saint-Bonnet

32T

270400

4952300

DS7

Les Farelles

1300

1300

D

-

-

-

4,8

3437OT

Saint-Bonnet

32T

266400

4949300

DS8

Clot Chabrier

1322

1322

M

-

-

-

6,5

3437OT

Saint-Bonnet

32T

267500

4948100

DS9

St-Michel-de-Chaillol

1369

1369

M

-

-

-

13,5

3437OT

Orcières

32T

275900

4950400

DS10

La Coche

1660

1660

D

-

-

-

21,5

3437OT

Orcières

32T

281400
4952200

DS11

Les Lunels

1440

1440

D

-

-

-

10,8

3437OT

Gap

32T

267300

4945000

DS12

Les Brunets

1420

1420

M

-

-

-

12

3437OT

Gap

32T

267000

4943000

DS13

Sur la Coche

1770

1820

SV

5

0,3

Hor

22

3437OT

Orcières

32T

281250

495050

 




Le glacier würmien de la Bonne




Le glacier würmien de la Bonne et les anciens lacs du Beaumont et du Champsaur.

Pour plus de détails concernant ces lacs et le débouché de ce glacier dans la vallée du Drac, on pourra se rapporter aux pages Le lac du Beaumont et Le versant d'érosion du Bois Ribay




Le glacier würmien du Champsaur

Pendant le Würm, le glacier du Drac, grossi par la diffluence durancienne qui franchissait le seuil Bayard, a déposé son vallum frontal à Saint Eusèbe, à 1020 m d'altitude
[G.Monjuvent, 1978].
La surface pléniglaciaire calculée par la formule à partir de ce vallum terminal se raccorde bien à celle de la selle glaciaire du col Bayard :
1500 m d'altitude au stade durancien du Grand Bois.
Voir la page "Vallée de la Durance"
De nombreux dépôts glaciaires (enduits morainiques ou moraines elles-mêmes) ont été conservés sur les deux rives du Drac, entre ce vallum et la confluence du Drac Blanc et du Drac Noir ; leur situation fournit une confirmation correcte de la validité de la formule, tant que la largeur de la vallée reste supérieure à 4 km, c'est-à-dire en aval de Pont du Fossé.
Ces dépôts se situent tous en effet à quelques dizaines de mètres sous la surface calculée, soit que leurs sommets aient été érodés, soit que le stade du Grand Bois n'ait pas duré assez longtemps pour marquer durablement le paysage. Ils appartiendraient alors au stade du Poët.
La diffluence durancienne passant à l'est du Puy de Manse par le Collet (1425 m) emportait au passage, avant de rejoindre le glacier du Drac, le petit appareil local de la Rouanne.

À la jonction des trois glaciers, le bassin d'Ancelle était rempli de glace jusqu'à une cote que le calcul permet d'estimer à 1550 m ( Grand Bois ) ou 1500 m ( Poët ).
Selon ce schéma, la belle moraine de Coste Longue, rive gauche du Drac, qui s'élève à 1421 m, s'est donc déposée pendant la décrue glaciaire, après cessation de la diffluence durancienne.
Le calcul de la surface du glacier, effectué pour différentes positions de son front lors de la décrue, montre en effet que la moraine de Coste Longue s'est déposée sensiblement au moment où la glace cessait de franchir le Collet (les altitudes de ces deux points sont d'ailleurs les mêmes).
L'extrémité du glacier se situait alors vers Saint-Laurent-du-Cros, 18 km en amont du vallum frontal de Saint Eusèbe.

La surface du glacier est représentée en bleu.
Les flêches figurent le mouvement des glaces.
La moraine de Coste Longue culmine à 1421 m.





L'extension maximum des glaciers dans le Bassin du Drac

Le Bassin du Drac, tout particulièrement le Trièves constitue une région particulièrement intéressante pour deux raisons :

- C'est un des rares domaines où les vestiges glaciaires peuvent être, en toute certitude, datés de la phase d'extension maximum des glaciers (MGM).

En effet on sait [Monjuvent, 1978] qu'à cette époque, une diffluence du glacier durancien empruntait le seuil Bayard et que, renforcée plus en aval par les apports des appareils issus du sud du massif du Pelvoux (Drac, Séveraisse, Bonne, Malsanne ), elle rejoignait le glacier de l'Isère à Grenoble.
Au Würm, par contre, le Trièves était libre de glaces et occupé par un lac dans la surface s'établissait à 750 m environ

- Il est donc possible d'apprécier dans quelle mesure des formes aussi anciennes ont pu subsister jusqu'à nos jours.

Entre les niveaux du pléniglaciaire de 1650 m environ au seuil Bayard (Voir la page "Vallée de la Durance") et 1310 m au-dessus de la cuvette grenobloise [Monjuvent, 1978], les sites que nous avons pu observer dans le Trièves et les vallées adjacentes nous ont permis de tracer un schéma de circulation des glaces dans cette région.
Les pentes de la surface sont partout bien inférieures à celles que fournirait la formule, appliquée à un glacier dont le vallum terminal se situait dans la vallée de l'Isère à 56 km en aval de Grenoble, à l'altitude de 250 mètres [Monjuvent, 1978] et, ce, en dépit de la grande largeur de la vallée qui permettrait son application.

Il ne faut pas s'en étonner car la surface d'un glacier n'obéit à la formule que si sa langue terminale est libre de fixer sa position, ce qui est le cas d'un appareil pouvant circuler librement dans une vallée suffisamment large .
Si, par contre, il rejoint un autre glacier qui lui impose son altitude terminale, la formule ne s'applique pas.
Ici les altitudes étaient fixées par le glacier de la Durance (1650 m au col Bayard) et celui de l'Isère (1310 m sur Grenoble).
Entre ces deux points la pente moyenne de 0,4 % suffisait, dans une vallée de grande largeur (8 à 16 km) à évacuer le flot de glace relativement réduit provenant de la diffluence durancienne grossie des affluents peu importants du sud du massif du Pelvoux.
Quant à la maigre diffluence qui empruntait, au-delà du col de la Croix-Haute, la vallée du Buëch et qui venait mourir 4,5 km plus loin au hameau des Mièlons [Monjuvent, 1978], elle n'affectait que très faiblement le mouvement des glaces dans le Trièves.

On ne peut manquer d'être frappé par la différence dans le volume des glaces qui remplissaient le bassin du Drac au MEG (Riss ou Würm très ancien, ainsi que nous le verrons un peu plus loin) et au LGM (Würm récent) : au MGM, le bassin était occupé par un glacier important, dont l'épaisseur variait de 400 m au seuil Bayard à plus de 1000 mètres sur Grenoble, alors qu'au LGM la vallée était libre de glace et occupée par des lacs.

Certes , la dernière glaciation a été moins importante que la précédente, mais cette différence ne se traduisait cependant que par une baisse relativement modérée du niveau des glaces sur le seuil Bayard : 1550 m au lieu de 1650 m.


La surface du glacier est représentée en bleu.
Les glaciers affluents (Bonne, Séveraisse, Dévoluy, etc ) ne sont pas représentés.
Les flêches figurent le mouvement des glaces.
Les tiretés en gras représentent les lignes du relief masquées par la glace et les pointillés les courbes de niveau de la surface des glaciers.



La moraine de Cholonge

L'examen de la carte ci-dessus améne à considérer d'un oeil nouveau la formation de la moraine de Cholonge, cette longue crête qui domine à l'est le Grand Lac de Laffrey.


L'altitude de cette formation morainique, dont la crête est soulignée ici par un pointillé blanc, empêche qu'on puisse l'attribuer au Würm.
G. Monjuvent estime que "cette moraine est en réalité un drumlin rissien".

Une autre origine nous paraît toutefois plus vraisemblable.
Au maximum de la glaciation rissienne, le glacier du Drac, grossi de la diffluence durancienne qui franchissait le seuil Bayard, rejoignait ici celui de la Romanche et la surface des glaces atteignait une altitude de l'ordre de 1400 m.
Ce chiffre résulte de la carte ci-dessus et on peut en trouver une preuve toute proche dans les dépôts des Souillets (site BD13) qui cotent 1439 m.
L'emplacement de la moraine de Cholonge était donc noyé sous une épaisse couche de glace et aucun dépôt ne pouvait s'y produire .
Lors du reflux des glaciers, ceux de la Romanche et du Drac se sont séparés. Dès cet instant, des sédiments glaciaires ont pu se déposer sur le bedrock tout proche, donnant naissance à la moraine de Cholonge. Ce bedrock apparaît en de nombreux endroits (micaschistes, schistes liasiques).
On reconnaît ici un processus tout à fait semblable à celui qui, ainsi que nous l'avons vu plus haut, a donné naissance à la moraine de Coste Longue, après séparation du glacier du Haut Drac et de la diffluence durancienne.

À Cholonge, de même que dans le cas de Coste Longue, l'examen du niveau des glaciers permet de comprendre l'altitude du dépôt morainique.
Ainsi que nous le disions plus haut, les conditions climatiques différentes qui régnaient au Riss et au Würm se sont traduites, au-dessus du seuil Bayard, par des niveaux qui différaient au maximum d'une centaine de mètres.
La différence de niveau entre la crête de la moraine de Cholonge (1234 m) et la surface des glaciers qui figurent sur la carte ci-dessus (1400 m) se révèle bien du même ordre de grandeur, surtout si on prend en compte l'érosion de cette crête depuis la fin de la glaciation rissienne.

1 = Lac de Pierre-Châtel
2 = Lac de Petichet
2 = Grand lac de Laffrey
4 = Lac Mort




Reste à déterminer lors de quelle glaciation les glaciers ont atteint cette extension maximum.
L'ensemble de la documentation existante attribue cette extension maximale au Riss et c'est l'option que nous avions prise dans les éditions précédentes de cette page.
Il semble toutefois, sur la base des récents travaux de Gilles Brocard (2003), qu'une autre interprétation soit possible et que les sites qui figurent sur les tableaux et sur la carte ci-dessus puissent être datés d'un Würm très ancien, entre 75 et 60 ka.
Le lecteur intéressé pourra se reporter à la page Glaciation responsable du modelé glaciaire



L'extension maximum des glaciers dans les vallées de la Malsanne et de la Lignarre.

Dans cette région, nous disposons des six sites suivants :
- Les Prairies de l'Alpe (site BD 10, altitude 1850 m), dépôts glaciaires rissiens figurant sur la carte géologique La Mure, sur une arête où ils n'ont pu être abandonnés que par le glacier de vallée.
- Le site de La Montagne (site BD 11, altitude 1800 m), qui indique une surface de glacier voisine de 1900 m.
- La moraine de Plancol (site BD 12, altitude 1920 m) donnée comme post-würmienne par la carte géologique La Mure, mais que sa colonisation parfaite par la végétation nous incite à dater plutôt du Riss ou, selon la remarque faite précédemment, d'un Würm très ancien. La forme rectiligne de cette moraine, située au col même, plaide pour une formation commune aux deux glaciers qui s'y affrontaient : celui du Grand Armet, en route vers la Roizonne et le Drac et celui du Rochail.
- Le rebord d'auge situé sous les Mayes (rive gauche de la Lignarre, site BD 14, altitude 1820, soit une surface de glacier proche de 1920 m).
- Le rebord d'auge BD22, à la cote 1840 m, situé sur l'épaule de l'arête nord-ouest de la Tête de Louis XVI. Au dessus de ce rebord s'étend, sur 200 m une épaule pratiquement horizontale, à 1844 m.
Ceci met la surface du glacier à cet endroit à 1940 m environ.

La prise en considération de ces sites conduit à une altitude de surface du glacier du maximum voisine de 1920 m dans les parages du col d'Ornon.

Rapproché de la valeur 1850 m au-dessus du Bourg d'Oisans, ce chiffre permet de penser que le glacier ouest du Rochail jouait ici un rôle prépondérant. Parvenu dans la vallée de la Malsanne, il envoyait bien une partie de ses glaces rejoindre, par le Valbonnais, le glacier du Drac mais une autre partie s'écoulait, par le col d'Ornon et la Lignarre, vers la Romanche.
Il existait donc alors, à 1920 m environ, une selle glaciaire au dessus de Chantelouve.

A la décrue glaciaire, par contre, la faible altitude du Rochail ne devait pas permettre le maintien de cette situation et le col d'Ornon devait laisser passer une diffluence dans le sens nord-sud, de la Romanche vers le Drac, ce qui était également le cas pendant le Würm [Monjuvent 1978].
À l'appui de cette thése on notera que le profil en long des vallées, supposées débarrassées de leur remplissage post-würmien - bien que la position exacte du "vrai" col d'Ornon sous ce remplissage ne soit pas connue - montre une pente sensiblement égale des deux versants du col et non un profil classique dissymétrique de diffluence.

Les travaux de terrassement de la piste de ski du col d'Ornon ont mis à jour de nombreux éléments de granite, bien entendu allochtone. Ces dépôts culminent à l'altitude de 1650 m (site BD23). À proximité immédiate, le versant ouest de la montagne montre, à 1630 m environ, une ébauche de terrasse au-dessus de laquelle la pente se relève nettement.
Nous voyons ici l'oeuvre du glacier würmien de la Romanche, diffluant par le col d'Ornon.L'altitude est en effet tout à fait compatible avec celle de ce glacier au-dessus de Bourg d'Oisans de l'ordre de 1780 m( voir graphique à la page Vallée de la Romanche).